The Guilty

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Film danois de Gustav Möller – 85’affiche the guilty
Avec Jakob Cedergren, Jessica Dinnage, Omar Shargawi
Sortie en salle le 17 juillet 2018

Par Jean-Louis Réquéna

Dans un centre d’appel de la police danoise à Copenhague, Asger Holm (Jakob Cedergren, prodigieux) reçoit des coups de fil de personnes en détresse ou non qui tentent de résoudre leur problème en appelant le 112 (équivalant danois du 17 en France). Les appels se succèdent à grande cadence : un junkie incohérent, un client grugé par une prostituée, un cycliste légèrement accidenté, etc. Tous demandent un secours immédiat. Asger, peu aimable, bougon, casque d’écoute vissé sur les oreilles répond avec mauvaise humeur. Il a été muté dans ce service depuis peu en attendant sa comparution pour une bavure policière qu’il a commise avec son collègue Rashid.

Soudain une femme affolée, Iben, appelle : son ex-mari vient de l’enlever. Elle est dans une camionnette qui la transporte vers une destination inconnue. Elle s’attend à un mauvais coup de son ex-compagnon sur sa personne et celle de ses 2 enfants. Asger bouleversé s’isole dans une pièce sombre du commissariat pour mieux se concentrer sur cette affaire. Malgré les nombreuses ruptures de communications, il maintient un lien direct avec Iben de plus en plus hystérique. Asger veut à tout prix éviter un drame et tente de monopoliser les autres services de police sur cette affaire.

La force de ce premier long métrage du réalisateur danois, Gustave Möller (30 ans) est qu’il adopte un point de vue dès le générique et n’en démord pas. Aux gros plans, voire aux très gros plans de son protagoniste Asger, toujours filmé avec une image sombre, il oppose un monde sonore extrêmement varié et angoissant : les téléphones, les portables, avec leurs sonorités stridentes ou douces ne cessent de le submerger et nous entrainent dans un univers audio angoissant. A l’image plate, convenue, sans originalité, il oppose un univers sonore riche, plein d’imprévus. En fait nous avançons, sans un instant de répit, dans le noir tout en construisant à partir de sons plus ou moins intelligibles, un scénario. De spectateurs nous devenons acteurs.

C’est la toute la force du film et la réussite de Gustave Möller. Ce dernier par la finesse de sa mise en scène à la fois minimaliste (images) et complexe (les sons) nous fait pénétrer, comme par effraction, dans un thriller mental que nous élaborons au fur et à mesure du déroulement du film avec ses vérités et ses erreurs. A partir d’informations éparses, tronquées, nous créons notre propre ruban de rêves.

C’est puissant, prenant, et cela ne dure que 85 minutes. Pas une de plus ! Bravo l’artiste !